Atelier poésie animé mardi 2 avril 2019 par Jean-François Sabourin
Slam poésie
Propos introductif
de Jean-François Sabourin
2 avril 2019
Le slam c’est inventer des poèmes devant les autres : « performance poétique ».
Le slam est un spectacle sous forme de rencontres de poésie. Créé par Marc Smith à Chicago dans les années 80, le slam poétique a suscité rapidement un engouement médiatique qui lui a permis de se propager dans le monde entier. Il a apporté un renouveau à la poésie orale et a mis en valeur l'art de la performance poétique. Le slam consiste à déclamer des textes poétiques qui peuvent traiter de tous les sujets. C’est une poésie urbaine qui se situe aux frontières de la littérature, de l'improvisation et des joutes oratoires.
Le "spoken words", en bon français le slam, c'est ce qui « gifle », ce qui « bouscule » les mots.Le terme vient de l’anglais to slam, qui signifie « claquer », définition que l’on retrouve dans « Attentat verbal », de l’artiste Grand Corps Malade.
Le Slam Poésie est à restituer dans la culture orale mondiale (troubadours d’antan, griots d’Afrique, conteurs d’Europe et d‘ailleurs, joutes verbales du Brésil et d’Asie...) et dans la culture française de la poésie au Rap, en passant par la chanson dite « à texte ».
Le slam, c'est un nouveau TERRAIN d’expression pour la poésie, intimement lié à la notion de scène ouverte où chacune et chacun est invité à venir dire un texte de sa composition en toute liberté de forme, de fond et de ton, selon un certain nombre de règles simples visant à ce que l'accès à la scène soit le plus égalitaire possible et que le spectacle, que l'on fait donc ensemble, soit le plus dynamique possible.
Le slam n'est pas un GENRE ARTISTIQUE émergent(littéraire ou musical), mais un TERRAIN d’expressionne pouvant exister que selon le principe de LA SCENE OUVERTE dans le cadre d’une PERFORMANCE de poésie.
Le slam, « c’est la poésie + le corps », dixit Marc Smith.
Grand Corps Malade, lui-même, fait cette mise au point : « Le slam, ce n'est pas une prestation particulière d'artiste, le slam c'est une foule de petits lieux, où vivent des scènes ouvertes où toutes et tous viennent diffuser leurs poèmes a capella...»
Le principe est clair :
« Lâcher des textes là où et quand on ne nous y attend pas / Claquer des mots un peu partout et que ça pète comme un attentat. »
Attentat verbal - Grand corps malade
SEANCE 1 :
ETUDIER DES THEMES POETIQUES : « SENSATION » et « ENFANT DE LA VILLE »
Supports :
- « Sensation », dans Poésied’Arthur Rimbaud
- « Enfant de la ville », dans l’album Enfant de la villede Grand Corps Malade
- « Sensation »
Ecoute du poème dit par Zéno Bianu
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SensationArthur Rimbaud Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mars 1870 |
- « Enfant de la ville »
Ecoute du slam dit par Grand Corps malade
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J'avoue que c'est bon de se barrer à la mer ou à la campagne 2008 |
Quelles sont les points communs avec les deux poèmes ?
- Les sensations liées au contact de la nature :
- « Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue » - « Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien Par la Nature heureux comme avec une femme». - « un fruit de mon époque », « un enfant tranquille avec les poches pleines d’espoir ».
Quels en sont les différences ?
- « La nature je la respecte, c'est peut-être pour ça que j'écris en vers
Mais c'est tout sauf mon ambiance, j'appartiens à un autre univers
Si la campagne est côté face, je suis un produit du côté pile » - « J’ai besoin de cette atmosphère pour développer mes sens » -
- Les sensations décrites sont liées à la ville : « sirènes », « le murmure de la rue et l’odeur de l’essence », « les rires et les cris », « ça claque », « ça sonne », le béton c’est brut – ça sent le vrai, l’authentique »…
- Le niveau de langage est beaucoup plus oral, familier, pour un texte poétique bien plus long !
A l’oral : Êtes-vous un enfant de la ville ou de la campagne ?
Mise en situation d’activités
JEU DE MISE EN VOIX
Pour tout ce qui concerne la « mise en voix », les « jeux » portent sur : le volume, la portée, le ton, le thème de la voix, la gestuelle et enfin sur le rythme, le flow.
LA BOMBE DE RIMES
L’intervenant choisit un mot et le lance avec une « bombe de rimes » (balle de tennis, ballons, etc ) à un participant. Chaque personne qui reçoit la « bombe» devra trouver un mot qui rime avec le mot lancé et ainsi de suite. Se joue par élimination.
SEANCE 2 :
QUI SUIS-JE ?
Dans un premier temps travailler l’expression corporelle :
Dire « Je suis » avec les mains, les yeux, le corps et la voix. Ensuite, nous nous plaçons en cercle pour jouer à « l’association d’idées ». Cela permet d’apprendre à être attentif aux mots et aux idées de chaque camarade.
Dans un premier temps, l’animateur dit : « Je veux vivre ». Chaque participant dit ce que le mot « vivre » évoque pour lui en proposant un mot en rime : « ivre » ; livre" ; "poursuivre" ; "givre".
Dans un deuxième temps, l'animateur dit sa phrase de présentation : « Je suis un enfant de la rue ». Les autres intervenants disent à leur tour ce que le mot "rue" leur inspire en proposant un mot en rime "u". » : évoque pour eux : « dru » ; « cohue » ; "cru" ; "glue".
Dans un troisième temps, l'animateur dit ce qu’il fait : « Je surfe sur les mots pour ». Les autres disent à leur tour ce que le mot « mot » évoque pour eux en proposant un mot en rime "o" : "beau" ; "chaud" ; "château" ; "seau".
On fait ainsi un tour complet, en rythme.
Une gestuelle naturelle s’installe qui fait « claquer » les doigts, les langues, qui libère la parole et qui fait rire !
On peut varier la prise de parole : debout, assis, avancer d’un pas à l’intérieur du cercle pour dire son mot et reculer ensuite d’un pas…
Puis au tour de chaque intervenant …
Ensuite, dans un troisième temps, on passe à l’écriture. La situation de présentation aide chacun à écrire le premier slam. Chacun se remémore sa phrase de présentation.
La consigne est :
« Ecrire une succession de vers en rime en respectant l’aternance AA – BB et le même nombre de pieds pour chaque vers avec une amorce de phrases ».
Amorces de phrases :
" Je veux vivre – je suis un enfant de la rue – Je surfe sur les mots pour "
Ecriture collective du spam poésie :
Je veux vivre au grand air et poursuivre
Je veux vivre toujours ivre
Je veux vivre pour collectionner des livres
Je veux vivre sous le givre
Je suis un enfant de la rue loin de la cohue
Je suis un enfant de la rue collé au bitume à la glue
Je suis un enfant de la rue et j'ai une vie très drue
Je suis un enfant de la rue et je mange des poissons crus
Je surfe sur les mots pour construire des châteaux
Je surfe sur les mots pour me tenir au chaud
Je surfe sur les mots pour te plaire mon vieux-Beau
Je surfe sur les mots pour les mettre dans mon seau