Sommaire :
- Introduction
- Sonorités
- Rythmes
- Enjambement, rejet, contre-rejet
Introduction :
La poésie ne se contente pas du sens qu’ont les mots, elle accorde une place privilégiée à la musique des mots et s’appuie sur elle pour créer du sens.
La musique des mots est comme la musique elle-même :
- elle comporte des sons sonorités,
(vocaliques – voyelle / ou consonantiques - consonne) - elle se déroule dans le temps selon un rythme (et selon un tempo : mais celui-ci n'est pas contenu dans l'écriture, il est le fait du "diseur" de poésie).
1/ Les Sonorités :
1. Les rimes:
plates ou suivies : aabb
Oh! la maison perdue, au fond du vieil hiver,
(Emile Verhaeren) |
croisées ou alternées : abab
Si vous n'avez rien à me dire,
(Victor Hugo) |
embrassées : abba
Je suis venu, calme orphelin,
(Paul Verlaine) |
Rimes nouées : A / A/ B/ C / C/ B
(A) Mignonne, allons voir si la rose
(A) Qui ce matin avait déclose
(B) Sa robe de pourpre au soleil,
(C) A point perdu cette vêprée,
(C) Les plis de sa robe pourprée,
(B) Et son teint au vôtre pareil.
Las ! Voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! Ses beautés laissé choir!
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir!
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Pierre de Ronsard,
« Mignonne, allons voir si la rose... »
2. L'assonance :
- retour d’un son vocalique (voyelle) au sein d’un vers (dans l'exemple ci-après, le poète veille de surcroît à placer ses assonances sous les accents rythmiques)
Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire.
(Jean Racine) |
3. L'allitération :
- retour d’un son consonantique (consonne) au sein d’un vers
(dans l'exemple ci-après, l'effet recherché est clairement imitatif du bruit de la faux)
L’or des pailles s’effondre au vol siffleur des faux
(Paul Verlaine) |
4/ Trois principaux facteurs de rythme :
a) La régularité de la longueur des vers
vers les plus courants :
- octosyllabe [ 8 syllabes]
- décasyllabe [10 syllabes]
- alexandrin [12 syllabes]
b) La régularité de la longueur des vers
strophes les plus courantes :
- distique [2 vers]
- tercet [3 vers]
- quatrain [4 vers]
- sizain [6 vers]
c) Les rythmes internes d'un vers
- L'alexandrin classique comporte 2 groupes de 6 syllabes;
la pause qui se trouve entre les deux groupes s’appelle la césure - (les 2 groupes sont chacun un hémistiche).
(alexandrin classique) Prêchez-moi ses vertus, || contez-m’en des merveilles. (Malherbe) |
- L’alexandrin romantique, à partir de Victor Hugo, se libérera de cette règle et pourra être construit, par exemple, selon 3 groupes de 4 syllabes.
(alexandrin romantique) Tout vient et passe ; || on est en deuil, || on est en fête. (Victor Hugo) |
d/ Enjambement et rejet :
- Si un vers se poursuit dans le vers suivant de manière complètement indistincte, on parle d’enjambement.
Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux
(Vigny) |
- Si le vers se termine par le sens et la grammaire au début du vers suivant, on parle de rejet.
(…) On se réveille.
(Victor Hugo) |
- Si au contraire, le début du vers par le sens et la grammaire se trouve à la fin du vers précédent, on parle de contre-rejet.
On ouvre les yeux ; rien ne remue ; on entend
(Victor Hugo) |
Jeu poétique du questionnaire
- Composer un texte à partir des réponses (non divulguées) par les participants aux questions qui leur sont posées.
- Introduire des vers rimés une fois le texte dévoilé.
Exemple de questionnaire :
- de qui s’agit-il ?
- où se trouve-t-il ?
- que fait-il ?
- quand cela se passe-t-il ?
- que dit-il ?
- qu’en pensent les gens ?
Précision (il ou elle mais aussi ils ou elles possibles)
Exemple de texte produit et enrichi de rimes croisées (alternées) :
"Une vieille dame
assise sur la Tour Eiffel
tricote des chaussettes de laine
lorsqu’arrivent les marées d’hiver
elle murmure : « Dors, mon enfant »
Les gens pensent qu’il sera trop tard
Après la pluie vient le beau temps !
Fleurissent sur l’eau. "
"Une vieille dame hautaine
assise sur la Tour Eiffel de verre
tricote des chaussettes de laine
lorsqu’arrivent les marées d’hiver
elle murmure : « Dors, mon enfant»
Les gens pensent qu’il sera trop tard
Après la pluie vient le beau temps!
Fleurissent sur l’eau les nénuphars."